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LES GARDIENNES

derrière laquelle il apercevait, de dos, une jeune femme. Il lança un petit coup de sifllet et, sans attendre davantage, sans même saluer, il prononça des paroles étonnantes, très osées. Celle qui se trouvait là se retourna vivement : c’était Francine… Il rougit jusqu’aux cheveux, se mit à bredouiller.

Solange, qui n’était pas loin, avait tout entendu. Elle ne bougea point mais dès que le gendarme se fut éloigné, elle entreprit Francine et lui fit de grands reproches. Payant d’audace, elle lui demanda qui était cet homme, où elle avait fait sa connaissance, depuis quand, et si elle était servante pour travailler ou bien si elle prétendait seulement demeurer au Paridier afin d’y recevoir ses galants… Une question n’attendait pas l’autre ; voulant trop bien faire, elle dépassait la mesure.

Francine, d’abord interloquée, finit par s’éloigner avec un sourire gêné. On ne lui donnait tout de même pas aussi facilement le change !

Pour son malheur, quelques jours plus tard, elle se trouva encore à la maison en un moment où l’on n’avait pas besoin d’elle. Cette fois ce ne fut pas le petit gendarme qui eut l’air penaud, mais un fort garçon de Sérigny qui, blessé à la bataille et ayant perdu trois doigts à la main droite, était revenu au pays pour s’établir marchand d’œufs et de volailles. C’était précisément sous le prétexte de faire un paiement qu’il se trouvait au Paridier lorsque Francine, de son pas léger, entra… Sur l’ordre de la Misangère elle venait chercher une corde dont on avait un besoin pressant. Elle entra vite et sortit de