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LES GARDIENNES

DEUXIÈME PARTIE


I


La mode de Paris, cette année-là, exigeait des corsages décolletés bravement. Les jupes se portaient courtes, mais si amples que le marchand n’y perdait rien. Quant à la chaussure, c’était merveille ! Le cuir manquait, chuchotaient quelques-uns, pour les équipements d’armée. Pour oser tenir ces propos décourageants, il fallait être aveugle ou bien être payé par l’ennemi boche, car jamais on n’avait vu tant de chaussures riches et importantes.

Les dames de ville plongeaient leurs petits pieds dans des bottes profondes comme des puits ; et non seulement les dames de la société et les dames galantes, mais les ouvrières, les employées, les marchandes, jusqu’aux petits souillons de cuisine et aux vendeuses de bibelots sur les rues. Vieilles ou jeunes, laides ou jolies, les plus hautaines aussi bien que celles de faible vertu, toutes voulaient être bottées jusqu’aux genoux comme les officiers fringants. Elles laçaient dur ces grandes bottes avec