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LES GARDIENNES

— Je l’accompagne aussi, dit Maxime,

Ils partirent tous les trois. Georges marchait au milieu de la route et Marguerite lui donnait le bras ; Maxime, de l’autre côté, s’accrochait à la musette.

Le chemin de la gare leur sembla court ; ils s’arrêtèrent avant d’arriver, car, devant la salle d’attente, des voyageurs les regarduient.

— Je vais vous quitter ici, dit Georges.

Après qu’il l’eût embrassée, Marguerite dit :

— Il faut avoir bon courage ! Tu reviendras bientôt. Quatre mois, ce n’est pas long.

— J’ai bon courage ! répondit-il.

Et il ajouta, comme il avait fait devant Francine :

— Mais j’ai du chagrin à quitter ceux que j’aime.

En disant cela, il pensait aux siens, à ses amis, à Marguerite, mais aussi, avec une émotion singulière, à cette timide servante à qui, la veille, il avait doucement parlé.

— J’ai du chagrin parce que je vous aime bien tous…

— Nous aussi, dit Marguerite, nous t’aimons bien, va !

Et d’un élan naïf, offrant toute sa jeunesse, elle lui jeta ses bras autour du cou et l’embrassa une dernière fois.

En cette soirée dominicale Francine était gardienne à la Cabane. Souvent, elle regardait la pendule. Quand sonnèrent trois heures, le roulement d’un train se fit entendre : le bruit montait au-dessus