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LES GARDIENNES

Elle tourna vers lui sa figure craintive, aux yeux pleins de rêve et balbutia :

— Une semaine est bien vite passée !

— Jamais, dit-il, aucune semaine ne m’a paru si courte. Il me semble que c’est ce matin que je vous ai croisée pour la première fois sur le chemin du pré Buffier.

Il baissa la tête et elle se remit à sa besogne, frottant le linge entre ses paumes, sans bruit.

— J’aurai de la peine, Francine, à quitter ceux que j’aime.

— Vous reviendrez ! fit-elle, d’une voix qui manquait d’assurance.

Il hocha la tête d’un air de doute et puis se ressaisit.

— Oui, dit-il, je l’espère bien… mais peut-être ne serez-vous plus ici, Francine, quand je reviendrai ?

Elle tourna encore une fois vers lui ses yeux humbles.

— Cela ne dépendra pas de moi seule : je suis servante.

— Mais on a grand besoin de vous et, de plus, on vous estime ; personne ne songe à vous renvoyer…

— Alors, je resterai.

Il parut content. Il remonta sur la berge et s’approcha de Francine.

— Je pars demain, dit-il, à trois heures de l’après-midi ; je vous reverrai peut-être dans la matinée… Mais ce n’est pas sûr.

Elle se leva en refermant vivement son corsage qu’elle avait dégrafé à cause de la chaleur.