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LES GARDIENNES

temps et, pour la première fois, leurs regards se rencontrèrent bien franchement. D’abord, ils rougirent ; il y eut encore en eux de l’hésitation, le temps d’une seconde, puis, comme si chacun eût deviné chez l’autre un muet encouragement, tous les deux à la fois se mirent à rire à belles dents.

Francine rejoignit les travailleurs. Alors Georges voulut, lui aussi, offrir son aide. Il saisit une fourche et chargea sur une charrette le foin que Christophe devait recevoir et entasser. Le jeune valet y prit chaud car Gcorges piquait largement dans l’andain et levait sans peine des charges énormes. Léa, aidée par la vieille, râtelait d’un côté de la charrette ; Francine, seule, de l’autre. Georges, passant près d’elle, ne perdait pas son temps à lui parler, mais il la regardait avec des yeux souriants. Elle rendait cette politesse.

À la tombée du soir, Léa regagna le bas Sérigny. Alors, Georges, out à coup, songea qu’il avait oublié la tournée des Cabanes…

Le lendemain matin, il alla s’exeuser à la boulangerie. Il eut du plaisir à revoir Marguerite ; pendant toute la matinée, il travailla avec elle et avec Lucien, joyeusement, lançant des plaisanteries et même des bourrades, comme un léger garçon dont toutes les pensées sont libres. Mais, à midi, il alla déjeuner au Paridier et il y passa la soirée.

Il disait reprendre goût au travail des champs. Maxime le harcelait sans cesse pour l’emmener à la pêche ou bien à la chasse au gibier de marais, ce qui avait été pour lui, autrefois, un plaisir très vif ; il