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LES GARDIENNES

point. Chacun des travailleurs s’assit sur une brassée de foin. Georges qui ne voulait pas manger préféra s’étendre de tout son long ; aussitôt Maxime fit comme lui. Francine se tenait un peu à l’écart, à sa place de servante, derrière la Misangère.

Georges conta, sans modestie, ses aventures de soldat. Il tint des propos que sa mère n’attendait pas de lui, des propos effrayants de guerrier endurci. Il était naïvement fier d’être écouté, de rapporter des choses que lui seul pouvait connaître. Se redressant sur les coudes lorsqu’il prononçait des paroles notables, il cherchait les yeux de Francine.

À la fin, pourtant, il ne put se tenir de rire et de badiner avec Maxime. Ils restèrent les derniers au pied de l’arbre pendant que la servante remettait dans le panier les restes du repas. Entre deux cabrioles, Maxime dit :

— Oncle Georges, ce n’est pas pour moi le jour de fumer car grand’mère est trop près. Mais tu pourrais bien me donner une chique ! Ne t’inquiète pas de celle-ci ! elle n’a pas le droit de parler : c’est ma chambrière.

Et encore :

— Tu regardes ma chambrière, oncle Georges ! Ne trouves-tu pas qu’elle a un air bien innocent ? C’est une fille qui n’a jamais voyagé et que tout surprend et qui a peur de tout. Un petit tour en bateau lui donne la colique.

Il conclut avec un soupir :

— J’ai bien du mal à la dresser !

Georges et Francine levèrent les yeux en même