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LES GARDIENNES

— Bonjour, monsieur Georges ! répondit-elle.

Comme elle faisait un geste pour se charger du panier, il protesta :

— Je vous accompagne jusqu’au pré Buffier, dit-il.

Ils marchèrent côte à côte sans beaucoup parler, Francine allait, la tête un peu baissée, les yeux fixés droit devant elle ; lui, la regardait de temps en temps à la dérobée. Elle était coiffée d’une quichenotte dont les bavolets protégeaient les côtés de la figure et le cou. Lorsqu’un peu de vent passait, les bavolets battaient comme des ailes, se soulevaient, laissant voir la nuque ronde et la ligne délicate du menton, laissant voir aussi un petit bout d’oreille qui demeurait encore très rose.

EL Georges, dont l’expérience n’étail pas grande, se demandait pourquoi cette jolie fille paraissait aussi timide devant lui. Il ne lui était pas arrivé souvent de voir quelqu’un se troubler de la sorte en sa présence. Il en était surpris ; cela le gênait pour plaisanter comme il faisait d’ordinaire, mais au fond il en était bien flatté aussi.

Il la questionna sur les travaux du moment ; elle répondit en peu de mots, disant clairement ce qu’il fallait. Il en conclut tout de suite qu’elle n’était pas sotte et cela le contenta encore.

Au pré Buffier, la collation rassembla tout le monde à l’ombre d’un gros ormeau. Étaient là, avec les Misanger et Christophe, Léa, Maxime et une vieille journalière toute ridée mais brave encore et dont les bras, par ces temps difficiles, ne chômaient