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LES GARDIENNES

Georges et moi. La nuit sera orageuse : ça va mordre !

Il plongeait sa main dans le terreau, soulevait les vers qui filaient sur ses doigts et il répétait :

— Hein ! dites-moi, c’est-il des achées ? On dirait des boyaux de poule. Ce n’est pas vous qui sauriez en trouver d’aussi belles ! Croyez-vous pas que c’est ferme et appétissant ?

Elles eurent, toutes les deux, une grimace de dégoût en se rejetant en arrière.

— Veux-tu laisser cela ! dit Marguerite.

Et Francine, de son côté, murmura :

— Petit malpropre !

Là-dessus, il se rebiffa. Saisissant une poignée de vers, il la leur lança par la figure ; puis il se sauva en les injuriant le plus grossièrement qu’il sut.

Il dut réussir, d’ailleurs, auprès de son oncle car la partie de pêche eut lieu comme il l’avait annoncé et, le lendemain, de grand matin, il voyageait sur le canal, la pipe au bec, rasant le bord afin d’être bien vu par tous ceux des Cabanes.


Georges, lui, le lendemain, se réveilla assez tard. Fatigué par le voyage, par la cruelle émotion du retour et aussi par cette pêche qui s’était prolongée fort avant dans la nuit, il avait dormi dix heures d’aflilée dans le silence de la maison paternelle.

Une lumière éclatante emplissait la chambre lorsqu’il entr’ouvrit les yeux. Il les referma pendant quelques secondes, puis les rouvrit, vaguement étonné, dans la demi-inconscience du réveil, de ne