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LES GARDIENNES

pas allée à Château-Gallé pour le voir ; j’y suis allée parce que tu m’en as priée, ton panier étant trop lourd.

Elle rougit en parlant ainsi, car elle ne disait pas absolument la vérité.

À mi-côte elles rencontrèrent le petit de la Cabane Richois. Un panier au bras, il accourait, tignasse au vent et l’œil luisant. Il s’arrêta, essouflé, et demanda :

— Est-il arrivé ?

— Oui, répondit Marguerite, mais laisse-le tranquille pour l’instant ; il désire ne voir personne.

Maxime toisa les deux filles.

— Peut-être bien, dit-il, qu’il désire ne pas être embêté par des guenuches comme vous… Moi, c’est une autre affaire.

Il sortit de sa poche une énorme pipe.

— Tenez, les filles, croyez-vous pas qu’on peut fumer avec ça ?… Mais il faut du tabac et il n’y en a pas chez le buraliste qui est un mal dégourdi… L’oncle Georges lui, m’en donnera. Je suis fatigué de fumer de la mousse ; ça me dégoûte à la fin !

Comme elles riaient, il ouvrit son panier. Il avait, là-dedans, une pelote de ficelle fine, une longue aiguille et des vers de terre, des vers énormes qui se tortillaient dans du terreau.

— Hein ! dites-moi, c’est-il des achées, ça, oui ou non ? J’ai passé toute la matinée à les chercher. Maintenant, nous allons les enfiler, parce que, ce soir, nous pêchons l’anguille à la vermée, l’oncle