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LES GARDIENNES

— Mais tu peux bien entrer ! répondit l’autre ; il ne te mangera pas, va !

— Non ! répondit Francine, ce n’est pas ma place.

Le ton était si net que Marguerite n’insista pas.

— Puisque tu ne veux pas venir, dit-elle, je l’amènerai done vers toi… Je te préviens qu’il n’aime pas beaucoup les cérémonies.

Elle traversa vivement le courtil et pénétra dans la maison. Elle n’y resta pas longtemps… Francine qui l’attendait sur la route la vit bientôt reparaître, la mine désappointée.

— Qu’y at-il done ? demanda-t-elle ; n’est-il pas arrivé ?

La petite leva ses yeux où des larmes dansaient,

— Il est bien arrivé, dit-elle, mais il est tout saisi de chagrin à cause de la mort de son frère… Depuis qu’il est entré dans la maison, il pleure, il pleure… H s’est levé pour m’embrasser quand je me suis approchée de lui, mais il re m’a rien dit… Je ne suis pas sûre qu’il m’ait reconnue, seulement.

— C’est bien naturel qu’il ait du chagrin, observa Francine.

— Oui, dit l’autre, c’est naturel… çar il a bon cœur.

Elle ajouta ingénument :

— Mais je n’y avais pas pensé !

Lentement, la tête basse, elles redescendirent vers Sérigny. Marguerite dit :

— Avec tout cela, tu ne l’as pas encore vu, toi !

— Oh ! répondit vivement Franeine, je ne suis