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LES GARDIENNES

VII

Il arriva un dimanche, dans l’après-midi, juste à l’heure qu’il avait indiquée, par le train qui, d’ordinaire, amenait les permissionnaires.

Sur la route, entre la gare et Sérigny, il rencontra des filles du village qui s’en allaient à la promenade de ce côté, comme par hasard. Elles avaient pris le temps de faire toilette, ce qui, à cette époque de grands travaux, n’était pas si commun. Ces filles revinrent avec Georges vers Sérigny ; il tenait le milieu de la route ; elles, autour de lui, riaient à chacune de ses paroles.

En vue de Château-Gallé, il cessa soudain de parler : c’est qu’il apercevait ses parents, assis sur le bord de la route, devant leur maison. Eux aussi le reconnurent ; ils se levèrent et marchèrent au-devant de lui. Georges remarqua le costume de deuil de sa mère et sa coiffe aux rubans noirs. Son front se plissa ; sur son visage s’étala soudain la coulée grise du chagrin. Hâtant le pas, il abandonna les filles qui lui faisaient cortège.

Quand on lui avait appris la mauvaise nouvelle, là-bas, à l’armée, il avait ressenti un choc cruel ; mais il était alors en pleine bataille, plongé, corps