m’ont retenu au bourg ; je ne pouvais pas m’échapper.
— Pardon ! reprit-elle, je veux rire ; je suis toujours méchante, tu sais ! Tu dois être las : c’est loin, d’où tu viens !
— Oui, dit-il, c’est une belle trotte.
Il ajouta, en la serrant contre lui :
— C’est une belle trotte, mais je la ferais deux fois, dix fois pour toi, ma Fine.
Ils passèrent dans un champ et s’assirent à l’ombre d’une touffe de noisetiers ; il faisait très doux et les feuilles sentaient bon.
— Vois-tu, disait Séverin, c’est notre premier rendez-vous, mais nous sommes tout de même de vieux amoureux.
Elle leva ses yeux devenus graves et répondit :
— C’est vrai pour moi, ce que tu dis là, mais pour toi, je ne sais pas trop !
— C’est vrai pour moi aussi, je te le jure ; seulement personne ne le savait… Elle l’interrompit :
— Pas même Séverin ! Parle-moi donc de la Marichette, et tâche de ne pas rougir.
Il se mit à rire.
— Oh ! tu sais, Delphine, tu as grand tort de croire à ces contes ; je sais bien qu’on a mal parlé de moi dans le temps, mais il y avait beaucoup de menteries dans ce qu’on disait. Je ne pouvais pas empêcher cette fille d’être gagée à Jolimont et de se trouver sur ma route quand je revenais des champs de la Butte. Qu’est-elle donc devenue, cette grosse Mariche ?