ce fut la foule encore. Elle s’achemina vers l’auberge où Pitaud devait l’attendre. Elle était lasse, lasse à ne plus pouvoir avancer ; elle pensait que cela ne lui ferait rien de mourir.
Pourtant un doute lui venait : Séverin n’était peut-être là-haut que pour accompagner des amis et pour rire un peu, pour voir ; elle y était bien allée elle-même ! Alors, pourquoi s’enfuir si vite, comme une sotte ? Voici qu’elle s’accusait maintenant, mais que faire ?
Elle approchait de l’auberge ; la foule à cet endroit était beaucoup plus claire ; comme elle avait encore une demi-heure à dépenser, elle musa un peu. Tout à coup, elle sentit que quelqu’un venait vite et la dépassait, puis un grand coup au cœur ; Séverin était devant elle, lui barrait la route.
— On ne passe pas ! dit-il en étendant les bras.
Il riait.
— M’est avis, Delphine, que tu es moins pressée que tout à l’heure. C’est joli de quitter tes amis comme s’ils avaient une mauvaise fièvre !
Elle, blanche et les yeux encore gonflés, s’efforça de rire aussi.
— Et vous, dit-elle, vous abandonnez bien vos camarades ; votre bonne amie du Thouarsais doit s’ennuyer pendant que vous courez la foire ?
— Ma bonne amie du Thouarsais ! Elle n’est pas née, celle-là !
Il ajouta, pour parler :
— Alors, comme ça, on est toujours gagée chez les Pitaud ?