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Beaucoup étaient là par point d’honneur et aussi pour voir, comme disait Marie ; on riait surtout.

— Ainsi, disait Séverin, tous les gens de là-bas sont à cette foire ?

Il s’était tourné vers ces gens de « là-bas » et la fille qu’il accompagnait boudait en refaisant les plis fripés de son corsage.

— Es-tu venue à pied, Marie ?

— Que non ! répondit Guirette ; je ménage mes bottes fines. J’ai profité de la voiture des Albreteau.

Elle ajouta en riant :

— Delphine, elle, a pris la place de la Pitaude dans le char à bancs des Pelleteries, un vrai tapecu : ça secoue ! ça secoue ! Elle n’a pas ri de la journée, tant elle a eu la bile émue !

De fait, malgré son bon vouloir, elle ne riait pas franchement, la pauvre Delphine. Elle n’avait qu’une idée : s’en aller, s’en aller bien vite !

Ayant bu une gorgée :

— Il faut que je me sauve, dit-elle ; je ne veux pas faire attendre le patron.

— Ah bah ! Tu te moques de nous !

— Elle ne s’en ira pas ! cria le petit gars trapu ; je la tiens !

Mais elle se dégagea.

— Non ! laisse-moi, Pierre ; il est tard ; si je manque l’heure, on partira sans moi ; il faut que je me sauve ; au revoir !

Déjà elle était dans l’escalier, dans l’escalier sombre, où elle ne distinguait plus rien du tout, cette fois, à cause des larmes qui lui emplissaient les yeux. Puis,