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qui l’accompagnait, un petit gars trapu et rougeaud, lui prit la taille, là, devant tout le monde.

L’auberge où ils entrèrent était bondée. Les amoureux se tenaient en haut, dans un vaste grenier ou l’on avait installé des tables et des bancs.

On y arrivait par un escalier étroit et sombre ; des filles, poursuivies, le montaient quatre à quatre : d’autres s’y attardaient, qui ne boudaient pas aux chatouilles. Delphine s’obstina à passer la dernière. Ses yeux pleins de soleil distinguaient à peine les marches ; mais en haut, la lumière, par deux grandes lucarnes, tombait sur ceux qui étaient attablés dans ce grenier, et ce qu’elle vit la fit se reculer, toute pâle : Séverin était là, devant elle, et, à côté de lui, tout près, tout près, une fille du pays thouarsais, une grande fille délurée, en bonnet plat…

Il s’était levé, un peu gêné, en reconnaissant ceux qui arrivaient.

— Bonjour, Pierre ! Bonjour, Marie ! Tiens ! Delphine ! Toi aussi, Delphine ?

Ses amis se serrèrent pour faire place aux nouveaux venus.

Il y avait, dans ce grenier, plus de quarante couples. Quelques-uns dans le fond, près des solives, s’étreignaient à pleins bras en se cachant la figure ; mais la plupart n’allaient point aussi loin. Il y avait des garçons tout jeunes, des enfants presque, qui étaient venus avec de grandes filles pour faire les hommes ; timides d’abord, hésitant à risquer un baiser, ils devenaient très vite acharnés et ne voulaient plus démordre. Rien de chaste, en somme, mais rien de bien grave non plus.