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ailes, seul intact, tombait presque jusqu’aux sourcils.

Il y avait enfin des vieilles qui promenaient des petits enfants effarés et joyeux. Leurs coiffures, à elles, étaient pareilles à celles qu’on voit sur les images aux dames de l’ancien temps : des pyramides très grandes, sans fleurs ni rubans ; une forme solide par-dessous, du carton sans doute, beaucoup de tulle uni, mille épingles. Elles devaient être obliques, ces coiffes, mais certaines paraissent droites, parce que celles qui les portaient se penchaient en avant.

Au bout de la première allée, Marie et Delphine rencontrèrent deux de leurs amies, désappointées comme elles et comme elles un peu lasses.

— Pas de galants ? railla Marie.

— Oh ! si, répondirent-elles ; même que nous sommes allées boire avec eux tout à l’heure ; seulement, nous avons d’autres affaires ; d’ailleurs, les gars nous ennuient.

— C’est précisément ce que je disais à Delphine ; oui, ils commencent à m’ennuyer aussi. Vous venez avec nous, mes belles ?

Elles continuèrent ensemble à faire le tour de la place. Il y avait beaucoup moins de gens de l’autre côté. C’était l’envers de la foire, un envers malpropre, pavoisé de guenilles. Des chiens, indifférents au bruit, dormaient sous les roulottes ; d’autres jouaient avec des enfants, des petits ventres-creux, vêtus de crasse et de bardes très amples. Puis, çà et là, un âne rogneux, une vieille jument décharnée, avec des bosses, des trous, dus plaies noires de mouches, de grosses mouches luisantes et gonflées.