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heures ! Viens-tu dans les allées ? Il doit y faire moins chaud.

Il y avait tout autour de la place deux rangs de marronniers ; leurs têtes rondes se touchaient et, seules, de minces flèches de soleil perçaient entre les branches mêlées. Cependant, là également, il faisait chaud, à cause de la torpeur de l’air.

Des gars en sueur passaient, égayés de vin ; ils s’amusaient à fendre la foule et heurtaient volontairement les filles. Celles-ci allaient par petits groupes, étourdies de bruit, laissant derrière elles l’odeur du basilic ou celle du réséda, plus douce.

Il en était venu de tous les cantons voisins ; on les reconnaissait à leurs coiffes différentes. Celles des alentours, les plus nombreuses, avaient le grand casque bicorne pinçant le bout des oreilles et tombant sur les bandeaux lisses : coiffure un peu lourde, mais fîère et magnifiée par de larges rubans de soie ; elle seyait surtout aux grandes ; beaucoup la portaient bien et avaient l’air cossu. Les coquettes, comme Marie Guiret, avaient tiré du serre-tête quelques mèches courtes qui voltigeaient librement ; chez d’autres, coquettes aussi, mais sans goût, ces boucles frisées au fer chaud se collaient sur le front en anneaux symétriques.

Les Gâtinelles avaient des coiffes à peu près semblables, un peu plus hautes seulement et plus larges. Les Vendéennes, vêtues d’étoffes loyales alourdies de velours, portaient la coiffe de Sainte-Hermine, simple et correcte. Nombreuses étaient les filles du Thouarsais, pimpantes sous le bonnet tourangeau si léger : un chiffonnage, un papillon froissé dont le bord des