Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE V

LA FOIRE SAINT-JACQUES


Cette foire de septembre, qui se tenait dans le quartier Saint-Jacques, le quartier neuf de la ville, attirait à Bressuire une grande foule.

La matinée était surtout aux gens de commerce, comme pour les autres foires, mais la soirée était toute à la jeunesse.

Les valets de ferme et les fils de métayers venaient à pied de toute la campagne avoisinante ; il en venait même de fort loin, par bandes matinales ; quelques-uns trouvaient place dans les voitures, qu’on surchargeait pour cette occasion.

Les filles, ce jour-là, mettaient leur robe claire.

C’était pour chacun la partie de plaisir escomptée tout l’été pendant les durs travaux ; les blés étaient rentrés, et cela faisait un court répit, malgré la hâte du battage. On s’amusait librement, avec brusquerie même, parfois.

Delphine et Pitaud arrivèrent sur les neuf heures. Il y avait déjà foule sur le champ de foire aux bêtes. Les voitures se suivaient à la file, comme pour une noce.

Delphine, qui avait deux paniers d’œufs, se dirigea