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suivies de leur chagrin et de deux chats, libres animaux que l’on n’avait point su vendre.

L’année suivante, Auguste se maria ; depuis assez longtemps, il avait pour bonne amie une cousine orpheline. Elle se gageait comme lui. Bien qu’elle eût quelques sous, elle ne retira point ses amitiés quandles Bernou furent vendus.

À la Saint-Michel, le jeune ménage prit une borderie de cinq hectares aux Arrolettes ; et comme il y avait là plus de travail qu’il n’en fallait à un homme, la mère Bernou et l’aïeule allèrent habiter avec Auguste. Peu de temps après, l’aïeule mourut.

Quant à Delphine, elle resta chez les Pitaud, qui l’avaient gagée dès son départ de la Rue.

Comme elle avait été un peu gâtée chez elle, on avait cru qu’elle s’habituerait mal à servir les autres. Il n’en avait rien été ; elle s’était mise bravement au travail. Moins forte que certaines filles de ferme, elle se rattrapait par son adresse, et les Pitaud s’étaient attachés à cette servante, dont le travail n’était Jamais à refaire ou seulement à finir. Elle les charmait aussi par son humeur égale et sa docilité gaie.

Elle n’avait ni le temps ni le goût d’aller aux foires de jeunesse et aux assemblées où l’on danse. Le dimanche, elle revenait tôt de la messe.

L’été, par les beaux soirs de fête, les filles s’en vont par les chemins pleins d’ombre et de poussière ; parfois, elles ne rentrent qu’à la nuit tombante avec des yeux de fièvre.

Delphine revenait tôt de la messe et gardait la maison.

Pourtant, elle ne fuyait pas les jeunes gens, comme