CHAPITRE IV
LE MALHEUR DES BERNOU
— Delphine ! Oh ! Delphine ! lève-toi !
La demie après trois heures venait de sonner, et, de son lit, Francille Pitaude, des Grandes-Pelleteries, appelait pour la deuxième fois sa chambrière.
— Si c’est possible ! grommela-t-elle en se tournant vers son homme. Les volailles seront égaillées dans l’aire avant que le feu soit allumé ! En mon temps, lorsque je devais aller à la foire, ma marmite chantait un joli moment avant l’aubette ; mais les jeunesses d’aujourd’hui ne sont point ce que nous étions.
— Pour sûr ! dit Pitaud ; c’est mou, ça dort comme des rats-lérots. Elle avait pourtant l’air content d’aller à cette foire, celle d’ici ; et je ne dis pas que ça m’étonne : c’est sa première sortie depuis le malheur.
C’était du malheur des Bernou qu’il voulait parler. À la Petite-Rue, en effet, la mort et la ruine étaient passées.
Dans les premiers temps de son mariage, Bernou, à force de travail, avait amassé quelques sous ; un notaire les lui vola.
Sa mauvaise fortune avait voulu qu’il fût lie d’amitié avec ce notaire ; leurs pères s’étaient connus, et eux,