Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grands : je ne reviens pas ! Mange, mon pauvre gars, ça te remettra le sang.

Et elle lui apporta la soupière.

Dans la chambre à côté, la Loriote geignait.

— Marichette, souffla-t-elle, apporte-moi donc une petite goutte de café.

La fille courut dans l’autre pièce, puis revint avec une tasse qu’elle posa devant Séverin.

— Dis donc ! quand il y en a pour les maîtres, il y en a pour les valets ! À notre santé !

Elle emplit la tasse et s’assit sur le banc, à côté de Séverin.

Revenu de sa surprise, il lui prit la taille et, aussitôt, il sentit tout contre lui le corps robuste et souple.

Lentement, elle se penchait et offrait ses lèvres. Séverin sentait battre ses artères et ses oreilles chantaient vêpres.

Il se ressaisit pourtant.

— Mariche ! Mariche ! le vieux qui nous regarde ! Dans son coin, en effet, le paralytique était sorti de sa somnolence. L’odeur du café lui avait fait lever la tête, et il fixait sur le couple le regard de ses yeux vitreux.

— Es-tu folle, Mariche ! Le vieux !

— Ah ! oui, le vieux ! Qu’est-ce que cela peut lui faire ? Qu’il regarde ! Il n’a pas déjà tant de distractions !

Mais Séverin s’était levé. Marichette, dépitée, haussa les épaules et se mit à desservir la table.

— Tu m’agaces ! va-t’en ! fit-elle.

Il sortit et s’en fut panser ses bêtes. Son travail ter-