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vaille ou comme les innocents dont l’esprit trotte.

La première année, il n’avait pas revu la Marichette ailleurs que sur la place de l’église ; mais elle se gagea à deux portées de fusil des Marandières, chez les Motard, de Jolimont. La femme de l’endroit était une Loriote, et l’on s’aidait dans les moments de presse. Séverin était obligé de rencontrer la servante des voisins. Il n’aimait pas ces rencontres, du reste, et il se tenait sur ses gardes, de peur d’une attrape. Elle, au contraire, l’attendait au passage quand il revenait seul du travail. Elle l’amignonnait à mots couverts, une lueur de moquerie caressante au fond de ses yeux roux. Un drôle de garçon, en vérité, qui avait peur des filles et qui passait son temps avec de vieux brèche-dents ! Il ne tarderait guère à ressembler à cet ours de Frédéric.

Il répondait par de vilains mots appris au régiment, mais elle ne se fâchait point et son beau rire de fille grasse roulait tout bas.

Or, il arriva qu’un soir de mai, un samedi. Loriot entra chez sa sœur pour lui demander si elle ne pourrait point venir passer la journée du lendemain aux Marandières.

— Moi, je m’en vais, dit-il ; Fédéri aussi… Quant à celle de chez nous, elle est au lit…

— Tiens ! fit la sœur, elle a donc le temps d’être malade, à présent ?

— Faut croire !

— Et tu ne restes seulement pas la soigner ?

— C’est que je ne saurais point… Et puis, faut te dire : Léchevin m’a demandé pour aller acheter une