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CHAPITRE III

MARICHETTE


Séverin se gagea chez les Loriot des Marandières. Il y avait de meilleurs maisons pour les valets. Ceux qui y étaient passés ne cachaient pas que la soupe y était souvent mal beurrée et qu’il fallait y trimer dur. Mais Séverin n’avait pas trop le choix, la saison étant avancée ; de plus, le prix le tenta : vingt-quatre pistoles du premier de l’an à la Toussaint.

Ils étaient quatre pour faire la terre : Frédéric, un grand sec de vingt-six ans, labourait et menait le travail ; un jeune gars de seize à dix-sept ans effeuillait les choux et s’occupait du fourrage ; Séverin allait second, et le père Loriot donnait un coup de main après le pansage.

La patronne était une grande femme osseuse de cinquante ans. Elle était avare et grondeuse, et nul ne s’en apercevait mieux que son beau-père, le vieux Francet, qui était depuis dix ans au coin du feu. Il ne servait plus de rien, ce pauvre vieux, mais il ne mourait pas. Il avait eu deux attaques ; on attendait la troisième. Dès la première, il n’avait plus marché que difficilement ; il s’était alors montré un peu exigeant, allant jusqu’à demander qu’on le promenât