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À travers les haies, plus claires déjà à cause des premières feuilles tombées, il apercevait les laboureurs et il souhaitait qu’ils le reconnussent. Il se haussait un peu et faisait claquer son fouet ; parfois il enjambait le fossé et s’accrochait aux aubépins pour plaisanter avec des gens au repos. Il marchait sur les accotements couverts d’herbe grasse et de fougères fléchissantes. Les grelots de son mulet tintaient devant lui ; et ses pensées, claires, carillonnaient aussi, carillonnaient pour son insouciance et sa santé joyeuse.

Son idée s’en allait un peu vers les filles.

Avec les quelques sous qu’il avait gagnés au service en lavant des doublures et en astiquant des cuirs, il s’était acheté une blouse à raies blanches, une casquette assortie et une paire de chaussons ferrés pour monter à l’échelle des greniers.

Il se trouvait avenant, et il relevait ses moustaches avant d’entrer dans la cour des fermes.

Les femmes, le plus souvent, allaient l’aider à mesurer le blé. Il aimait que ce fussent les jeunes, les servantes.

Il n’avait jamais été si jovial. Lui qu’on réputait silencieux, il se plaisait maintenant à bavarder, et il savait raconter les choses qui font rire.

Un lundi matin, en arrivant aux Pelleteries, il pensa :

— Tiens, je vais donc la voir, cette fameuse Marichette !

Marichette était en effet servante chez les Larin, et il avait un sac pour eux. Il l’avait connue toute petite, cette fille, car c’était une ancienne cherche-pain. Ils