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CHAPITRE II

LE FARINIER DE LA PETITE-RUE


L’automne, cette année-là, fut doux comme un sourire, et le nouveau farinier de la Petite-Rue sentit la joie de travailler.

Un soleil vigilant balayait la brume, séchait l’eau jaune des fossés, lustrait une dernière fois la verdure neuve des pâtis.

Un soleil attendri veillait aux semailles. De toutes parts on préparait la terre et on recouvrait le froment. Dans les champs découverts des hauteurs, dans les ouches étroites mangées de châtaigniers, dans les vieilles terres à seigle, dans les landes défrichées où l’on jetait de la chaux, partout, chez les métayers qui liaient huit bœufs, chez les petits bordiers qui n’avaient que deux vaches, on retournait l’argile jaune ou brune. Il y avait des voix proches et criardes ; d’autres, innombrables, venaient des métairies lointaines dont les arbres de clôture portaient les bords pâles du ciel. Cela faisait une rumeur continue trouée de temps en temps par le grincement d’un versoir ou le ioulement d’un petit toucheur de bœufs.

Séverin suivait allègrement sa carriole sur les routes grises.