Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/223

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le troisième chasseur qui n’avait rien dit pendant la dispute déclara d’une voix nette :

— Le vol est manifeste ; ce sera en effet de la prison. Quant à l’autre, il est évidemment complice.

— Oui, toi aussi, Florentin, nous te retrouverons ! hurla le rentier ; d’abord je vais passer chez ton père ! Ah ! je vais vous les faire fourrer en prison, les canailles !

Il ramassa le lièvre et, suivi des deux autres, s’en alla en gesticulant ; devant l’échalier il se retourna pour insulter encore le valet :

— Voleur ! Tu iras en prison ! Ah ! que je suis content !

Alors Séverin qui s’était remis au travail se redressa et cria lui aussi à pleine poitrine :

— Hé ! dis donc I si je vais en prison, j’en sortirai un jour ; et quand j’en serai sorti, je te retrouverai. Oui, je saurai bien te dénicher, toi, et aussi tes gars ; alors, bon Diou ! nous réglerons ça ! Je me charge de te faire sonner la peau du ventre, vieux crapaud ferré !

Il cria ses paroles dans sa colère ; dès qu’il fut un peu calmé, il les regretta. C’était une bien mauvaise affaire qu’il venait de se mettre sur les bras. Il y aurait procès, ce qui était déjà grave, mais il y aurait aussi d’autres vengeances plus sournoises.

Et Séverin se mit à penser à ses pauvres enfants ; et il pensa aussi à sa belle-mère qui, prise de douleurs et ne trouvant pas chez son gendre de quoi se soigner, s’en était retournée aux Arrolettes depuis quelques jours. Elle ne pouvait plus guère marcher, la