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garde chez les Chauvin, il sortit dans l’après-midi pour aller voir ses quatre sillons de pommes de terre dans les Grandes-Joneries, Au retour, il s’attarda à cueillir des noisettes ; elles abondaient dans deux ou trois haies écartées que les enfants n’avaient pas encore pillées. Le dimanche suivant, il revint au même endroit et l’autre dimanche encore. Il finit par cueillir ainsi une dizaine de litres de noisettes que la Bernoude fit sécher hors de la portée des enfants et qu’elle vendit vingt sous au Béguassard.

— Tiens, pensa Séverin, je n’ai pas perdu mon temps !

À partir de ce jour, il fit attention aux choses qui se perdent et que le passant a, de par l’usage, le droit de ramasser. Et même, à partir de ce jour, il rechercha ces choses pour les rapporter aux enfants ou pour en faire de l’argent.

Il s’inquiéta, par exemple, des endroits où poussaient les champignons. Son défunt père, qui s’était empoisonné deux fois, lui avait appris à reconnaître les bons, mais il ne se souvenait plus bien des espèces ; il en cueillit de douteux qu’il essaya avant les enfants.

Au mois de novembre il ramassa un bon double de châtaignes de bois ; il courut très loin chercher des jets de bourdaine qu’il échangea contre du beurre.

Au printemps, il sut trouver dès les premières journées chaudes toute une brassée de muguet fleuri ; Bas-Bleu en fit cinq bouquets qu’elle alla offrir aux dames de Coutigny ; cela rapporta une dizaine de sous.

Séverin était devenu rusé. Il disait aux petits coureurs de haies des secrets sans importance, puis il