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— On ne donne plus !

On ne donne plus ! cela voulait dire qu’on avait donné, dans le temps, quand il y avait beaucoup, beaucoup de malheureux, quand des bandes de dix ou quinze cherche-pain passaient aux portes. Mais maintenant ce n’était pas le jour ! il n’y avait plus de cherche-pain au pays, il ne devait plus y en avoir ; il en était tant parti pour les Charentes ! Les malheureux qui restaient, la commune ne leur venait-elle pas en aide ?

La bru des Larin, qui était pourtant une proche voisine, pensait tout juste ainsi ; et comme elle était très sotte, elle l’expliquait à Bas-Bleu et aux deux petits drôles qui raccompagnaient.

— On ne donne plus ! vous êtes soutenus par la commune. Aujourd’hui les plus malheureux ne sont pas les malheureux ; allez-vous-en !

En revanche, il y avait de bonnes portes ; il y avait des gens qui donnaient de la miche et invitaient à entrer pour se réchauffer.

Bas-Bleu n’aimait pas à aller seule, car elle avait peur des chiens. Elle évitait aussi les coureurs des routes.

Vers la fin de l’hiver, elle commença à emmener les bessons. Elle leur apprit les chemins les plus courts et les choses qu’il fallait dire pour avoir des tartines.