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fait du monde à table. L’hiver, qu’auriez-vous besoin de trois personnes d’ailleurs, si ce n’était pas pour le fourrage ? À présent, je vais vous dire une chose : vous voyez comment c’est chez moi ; j’ai besoin d’argent ; eh bien ! pour trente écus de plus, je reste va-devant chez vous pour le gros travail d’été et je ramasse les choux l’hiver. De cette manière, vous n’auriez besoin que d’un petit valet en plus de moi, d’ici le printemps. Songez-y, patron !

Chauvin avait élevé des objections.

— Je t’entends, mon valet, tu veux enchérir. Seulement, je te dirai : cela fait beaucoup d’ouvrage pour un homme. On a beau être allant, on n’en fait pas comme deux ; sans compter que tu n’es plus jeune, jeune : tu le trouveras dur, d’effeuiller les choux.

— Peut-être bien, patron, mais je n’ai pas l’habitude de craindre ma peine. Il me faut de l’argent : voilà ce qu’il en est. Je suis accoutumé chez vous et cela me ferait chagrin de vous quitter ; pourtant si vous voulez finir le marché, il faudra que vous mettiez ces vingt écus.

Il avait, pour parler de ces questions d’argent et de travail, une voix lente et comme respectueuse.

— Oui, patron, vingt écus de plus et je vais dans les choux.

— Oh ! oh ! vingt écus ! Ce n’est pas un denier ! ça te monterait à quatre cent vingt francs.

— Possible, mais je peux les gagner : on me les a offerts dans deux petits endroits pour faire tout.

— Pour porter des faix du matin au soir ! tu verrais le changement, mon valet !