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de dormir est si court. Cependant il ne se plaignait pas ; — il était seulement très sombre par moments et parlait moins encore que de coutume. Pourquoi d’ailleurs se serait-il plaint ? Il était nourri, lui, au moins ! Mais les siens ! Cette vieille femme fatiguée, ces enfants maigres, cette Louise si mince et ce bébé aux diarrhées vertes dont la mort n’avait pas voulu !

On l’élevait au biberon, naturellement, ce dernier ; mais il n’était pas glouton comme l’avaient été les bessons ; il tétait paresseusement, et encore fallait-il lui couper son lait avec de l’eau. Aussi, il avait une petite tête grosse comme une pomme saint-Jean et une mine si terreuse que c’en était pitié. La grand’mère se désolait :

— Jamais ça ne viendra fort, Jésus ! Jamais ! Et souvent, elle disait sans malice :

— Pauvre petit Pâtira !

Le médecin avait défendu — absolument défendu — de donner au bébé autre chose que du lait. Heureusement la chèvre en fournissait ; mais, d’un autre côté, il n’était plus question de fromage, et les aînés se trouvaient d’autant plus malheureux.

À la Toussaint, Séverin resta au Pâtis, mais il y resta moyennant un gage plus fort. Il avait dit à Chauvin, au moment de conclure marché :

— Me voilà, moi, va-devant chez vous ; voilà vos deux gars qui vont second et puis doux autres valets derrière, l’un en force, l’autre quasiment drôle ; ça