vieille femme, jamais il ne l’avait appelée maman ; maintenant, cela venait tout seul. Elle en fut remuée et l’embrassa.
— Allons, faut avoir du courage, mon bon gars. Dis-moi où sont les affaires, que je me mette à l’ouvrage.
Elle pleurait à petit bruit. Il eut vite fait de montrer tout ; elle alluma le feu et accrocha la marmite pour la soupe du matin.
À ce moment, la Gustine entra avec Marthe et Georges, le petit dernier. Les autres enfants avaient été recueillis par les fermiers des Grandes-Pelleteries : ils arriveraient bientôt. La Gustine s’offrit à donner un coup de main, mais pour le moment il n’y avait rien de pressé ; elle s’en alla donc, car elle avait beaucoup à faire chez elle.
La grand’mère démaillota l’enfant et Séverin s’approcha pour le voir s’étirer devant le feu. Il prit entre ses gros doigts les orteils menus et rouges.
— Pauvre petit ! dit-il, tu n’es pas au bout de ta misère.
L’émotion le gagnait encore.
Mais un rayon de soleil, filtrant par une éclaircie, entra dans la maison : il faisait jour depuis longtemps.
Le père se redressa :
— Allons ! c’est pas tout ça ! fit-il.
Et il s’en alla au travail.