Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Bois, dit-elle ; après, tu resteras ici avec moi, tu m’aideras à faire la cuisine.

— Mais non, mais non ! répondit Delphine ; je ne suis pas venue chez vous pour vous embarrasser. Si je m’étais sentie malade, je ne me serais pas mise en route. Ne vous inquiétez donc pas !

Une heure après, elle était dans le pré.

Les choses, d’abord, n’allèrent pas trop mal ; l’air était frais, il y avait encore un peu d’aiguail, elle râtelait à l’ombre. Mais peu à peu le soleil passa par-dessus les plus hauts têtards ; l’ombre se raccourcit. Delphine avait des élancements douloureux dans le ventre ; par moments des flammes bleues lui dansaient devant les yeux. Elle dut s’asseoir une minute et boire à la cruche ; elle songea même à abandonner son râteau et à s’en aller, mais le malaise, encore une fois, passa et elle recommença à travailler.

Vers dix heures, elle sentit que le soleil et l’odeur chaude des andains allaient de nouveau l’étourdir. Elle voulut se hâter pour arriver au bout du pré où il y avait encore de l’ombre, mais, brusquement, le vertige augmenta : ses jambes fléchirent et elle tomba à la renverse en poussant un cri de douleur. Séverin accourut suivi de Chauvin et de ses deux filles. Delphine était pâle comme une morte, bien qu’elle ne fût pas tout à fait évanouie. Elle se remit assez vite, mais soudain, comme pour les rassurer elle essayait de sourire, elle poussa un nouveau cri en portant les mains à sa ceinture.

— Oh ! je me suis fait mal ! emmenez-moi tout de suite ! tout de suite !