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CHAPITRE IX

LA DÉFAITE


Les coqs des Grandes-Pelleteries chantèrent, puis ceux du Bas-Village, puis ceux des Marandières et de Jolimont ; d’autres au loin répondirent ; enfin, tout près, le coq nain de Gustinet lança sa note enrouée. Il y eut un bruit d’oiseaux dans un pommier devant la porte des Pâtureau. Séverin, à demi réveillé, se dressa sur son séant : trois heures ! pensa-t-il. Il avait l’habitude d’être à trois heures et demie dans le champ de jarosse du Pâtis, pour couper la pâture avant la montée du soleil ; il n’y avait donc pas de temps à perdre.

Il se coula doucement hors du lit, enfila son pantalon et sortit tout de suite sur le seuil pour voir le temps ; car il y avait eu la veille menace d’orage et l’on avait eu grand’peur à cause du foin de luzerne qui n’était pas rentré.

La nuit pâlissait, mais l’œil ne distinguait rien encore ; la brume s’était en effet installée partout ; elle remplissait comme des boites les petits jardins carrés aux haies basses ; elle s’empilait sous les arbres ; le chemin Roux semblait une rivière blanche coulant entre deux rives sombres. Dans le village, d’autres