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CHAPITRE VIII

LA LETTRE D’AVIT MAUFRET


L’année suivante, le jour de la Toussaint. Séverin vient de dénouer le coin de son mouchoir ; il vide l’argent de son gage sur la table : trente-cinq pistoles. Il n’y manque rien, cette année ; on n’a demandé aucune avance à Chauvin ; on a bien encore quelques dettes en plus du pain et du loyer, mais moins tout de même que les deux années précédentes. Trente-cinq pistoles ! Une belle poignée. Les enfants sont émerveillés ; Delphine manie les pièces sans se presser de les serrer ; ses yeux élargis ne regardent nulle part. Séverin voit bien qu’une idée lui trotte en tête.

— À quoi penses-tu, Fine ?

— Je pense à ceux de là-bas.

Elle ramasse l’argent, puis elle prend une lettre sur la cheminée et la tend à Louise. Louise lit couramment l’écriture ; d’ailleurs c’est peut-être la dixième fois que sa mère lui fait lire cette lettre : elle la sait presque par cœur.

Le Jaria d’Aulnay (Charente-Inférieure).
Chers voisins,

C’est pour vous dire que nous avons fait un bon voyage et que nous sommes contents d’être ici. Maman disait