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dants ; tu as déjà de la peine à trouver assez de pâture pour tes lapins.

— Bah ! fit-elle impatientée, tu vois toujours les choses du mauvais côté. Voici le beau temps, les enfants sont déjà grands ; qui les empêchera de garder la bête le long des chemins ? Elles ne manquent pas, les chèvres, dans le village : une de plus ou une de moins, il n’y paraîtra rien aux haies.

— Et le toit ?

— Tu en bâtiras un ! les autres le font bien… Elle continua, irritée de la discussion.

— Je suis fatiguée de n’avoir rien à faire manger aux petits ; des haricots et des pommes de terre, des pommes de terre et des haricots ! Pas moyen seulement d’élever des poules ! J’en suis lasse ! Je veux faire du fromage, je veux une chèvre, et si tu ne l’achètes pas, je l’achèterai moi-même.

Il céda et, tout de suite, commença à bâtir une petite cabane derrière la maison ; le dimanche suivant il l’acheva et la couvrit avec des fagots de genêt. Puis, le lundi de Pâques, il y amena une chèvre toute blanche qui allait mettre bas pour la première fois. Louise fut chargée de la garder. Ce fut une grande joie pour elle les premiers jours. Elle la gardait jalousement, ne lâchant jamais la corde, grimpant sur le talus, descendant dans les fossés et revenant à la moindre ondée.

Georgette suivait quelquefois sa sœur, mais elle n’avait pas le droit de tenir la corde, étant trop petite. Elle s’en vengeait en cueillant des branches vertes qu’elle offrait de loin à la bête pour la tenter :