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continua-t-il avec un rire sourd, à moins que je ne me contente d’une autre monnaie… d’une monnaie dont on n’est pas chiche quand on est belle et dégourdie…

— Taisez-vous, Baveille, répondit Delphine, trop malheureuse pour se fâcher, vous avez bien de la chance, vous, d’avoir toujours le cœur à rire !

L’enfant était tout à fait endormie, elle se leva pour la coucher dans son berceau qui était près du lit de Georgette. Comme elle chantonnait en la bordant, elle sentit l’homme derrière elle ; il s’était approché doucement et regardait la petite malade.

— C’est vrai que ce n’est pas bien gros, ça pauvre ! petite mine, ma foi ! Il ne faudrait pas un grand coup…

Il y eut un silence ; Delphine s’était arrêtée de chanter. Tout à coup elle fut serrée près du berceau : Baveille, penché sur son épaule, murmurait :

— Il y aurait un moyen si tu étais sage… hé ! hé ! dis donc… on pourrait s’arranger.

Prestement, elle s’esquiva, point trop fâchée encore, croyant à une plaisanterie de lourdaud.

— Tâchez de rester tranquille, vieux malhonnête !

Alors, lui, tirant de dessous sa blouse une tablette : de chocolat, un petit sac de café et du sucre, posa le tout sur la table !

— Tiens, la… belle ! fit-il… quand on est jo… jo… lie, on s’arrange ; et il y en aura d’au… d’au… d’autres… Je ne suis p… p… pas méchant, moi, j’ai pitié d… d… des pauvres gens qui ont d… d… d… des drôles malades.