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champs, vous vous dressez devant les machines ; cela s’est produit vu plus grand dans les villes ; vous aussi vous avez pour de ces nouveautés qui vous soulageraient cependant, qui finiront bien par vous soulager, malgré vous ! Et pourtant vous avez raison en apparence… Oui, c’est curieux… La sécheresse, la grêle, la guerre, la peste, toutes les calamités, tous les désastres retombent toujours sur les petits, et, d’autre part, chaque progrès, on enrichissant les gros, commence aussi par affamer un peu plus les autres… Et vous venez dire tranquillement : « Les choses sont ainsi, nous ne les changerons pas ! » Ah ! elles sont jolies, les choses, vous ne trouvez pas, mon oncle ? Le fermier aplati devant le propriétaire, le Fermier si bien rançonné par en haut qu’il est incapable de payer honnêtement ses domestiques…

— Ça c’est vrai, dit Chauvin ; je ne trouve pas que les valets gagnent trop ; mais je ne peux pas donner davantage aux miens.

— Nous sommes d’accord ; vous ne pouvez pas. Eh bien ! c’est honteux ! J’ai honte, moi, quand on me dit qu’un homme en pleine force trime de quinze à dix-sept heures par jour pour gagner la soupe et vingt sous ! Vingt sous pour faire vivre cinq, six, dix enfants ! Nous parlions des Charentais, tout à l’heure, mais les plus pauvres d’entre eux ne sont jamais aussi malheureux que les cherche-pain d’ici ! On leur vient en aide, on ne voit point leurs enfants mendier. Chez nous, on ne peut pas soulager tout le monde, il y a trop de misère, trop d’enfants, trop de maisons creuses. Alors, le père qui a une demi-douzaine de petits affa-