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CHAPITRE III

LOUIS VI


Chauvin du Pâtis était un homme de cinquante ans, gros et court. Il était le frère de Chauvin du bourg, qu’on appelait Chauvin le riche, parce qu’il avait épousé tout jeune une fille de trente ans, méchante, laide, un peu bossue, mais connue sous le nom de Marie fesse-dorée. À vrai dire, Chauvin du bourg n’était plus bien riche, ayant perdu de l’argent dans un petit trafic de grains ; il avait cependant pu envoyer ses deux enfants à l’école : l’aîné était prêtre, et le cadet avait une place quelque part dans les bureaux.

Tout cela faisait que les Chauvin étaient des gens considérés dans la commune. Celui du Pâtis passait lui-même pour riche, bien qu’il ne le fût point. En tous les cas, c’était un vrai brave homme. Il aimait le travail bien fait et vite fait, mais tous ceux qui le connaissaient le déclaraient franc comme l’or ; ses anciens valets disaient :

— Chauvin, Chauvin du Pâtis ? dur de peau, tendre de cœur ; chez lui, on se lève tôt, mais le bon ouvrier est bien vu. Bon gars et bonne maison !

— Bonne grange ! disaient de même les vieux men-