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— Je crois bien ! je ne leur ferai pas cadeau d’un liard.

— Euh ! qui sait ? J’en ai bien connu d’autres… Tu ne sais pas, mon gars : quand Delphine ira chercher ton argent, elle emmènera celle de chez nous. Tu comprends, ta femme n’est point sotte, mais c’est jeunet, ça manque de hardiesse ; Victoire, elle, en a vu de toutes les couleurs, et Dieu merci, elle a toujours la langue plus pointue qu’un aspic. Il faudra y aller le dimanche matin pour tâcher de trouver Loriot qui est encore d’arrangement ; si la Louise était seule, elle ne donnerait rien, la vieille garce !

Maufrette, un enfant suspendu à sa longue mamelle, parut dans la clarté, sur le seuil de la porte. Sa petite tête presque chauve et sans résille surmontait étrangement son gros corps ; elle avait un ventre énorme qui ne se dégonflait plus aux accouchements ; son jupon court levait par devant, laissant voir ses chevilles nues.

Elle venait d’entendre les paroles de son homme.

— Y a pas de crainte à avoir, Pâtureau ! cria-t-elle de sa voix aiguë ; j’irai la trouver, moi, la Loriote, et même je lui ferai une belle morale !

— Si tu veux, reprit Maufret, tu lui feras la morale, mais quand tu auras l’argent !…

Le dimanche suivant les deux femmes allèrent donc aux Marandières.

Contre leur attente, Loriot n’y était pas. La Louise,