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Elles sont parentes, cousines, je crois. Mlle Josette a dix-huit ou vingt ans ; c’est une grande blonde…

— Très gaie ? dites, madame, très gaie ?

— Euh ! je ne sais pas.

— Je ne sais pas non plus ; je souhaite seulement…

— Vous avez bien raison, monsieur ; elle aura besoin d’être gaie, la pauvre fille ! La vie qui lui est faite par le mariage de son père n’est pas drôle. Ce n’est pas cela que je voulais dire ; ce n’est pas cela du tout.

Mademoiselle Josette, il faut que vous soyez très gaie parce que votre rire est lumineux, matinal, féerique.

Je ne vous connais pas tout à fait. Je n’ai eu de vous que des révélations inattendues et incomplètes : votre rire, votre silhouette, votre nom, votre âge… Je ne suis pas sûr que vous soyez jolie et cependant je vous porte complaisamment en ma pensée ; vous apparaissez imprécise, voilée et merveilleuse sur le front brumeux de mes songeries…

En moi, le Ricaneur :

— Imbécile ! Essence, triple essence, quintessence d’imbécile ! Songe à l’autre, à l’autre que tu as inutilement brutalisée. Ne la vois-tu pas, l’œil vif, la lèvre rouge, les deux mains à plat sur la croupe ? Elle est derrière ta princesse voilée ; ne les vois-tu pas toutes les deux ? Elles vont avoir une prise de bec… Ah ! Ah ! Ah !