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fin de l’été prochain… C’est égal, c’est un rude type, cet Olivet !

— C’est mon avis, ai-je répondu.

C’est aussi l’avis de Mme Évrard ; si elle avait osé, elle en aurait dit de raides.

En somme, voici à peu près ce que je sais : M. Olivet a cinquante ans. Il ne les traîne pas ; robuste, il les porte allègrement comme il porterait un veau de six semaines.

Je connais l’homme ; je l’ai aperçu trois ou quatre fois à la gare ; et c’est sans doute à la gare qu’il est le plus beau.

Il faut le voir, sur le quai, planté sur ses semelles américaines et sa canne ferrée.

Lorsque la salle d’attente est peuplée de voyageurs d’occasion, foule timide, il faut le voir franchir, la pipe aux lèvres, le passage interdit au public. Il a l’habitude, lui. Voilà trente-cinq ans qu’il roule et qu’il s’embarque, ici, à Lurgé. Les employés passent et lui demeure ; aussi il se meut avec une aisance sans pareille.

Il paie avec de bruyantes pièces de cent sous. Au « côté des hommes », il se campe à cinq pieds de l’ardoise.

Parfois il s’arrête à la sortie, et, la main sur le bouton de la porte, fait un discours.

Quand il a ainsi la main sur le bouton de la porte, le bouton de la porte ne s’envolera pas dans la brise légère. Car elle est lourde comme un lingot cette