Page:Pérochon-Le Chemin de plaine.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tassées. Mais personne n’a été plus aimé, plus caressé, plus choyé que moi.

Ma mère est du bois dont on fait les mères faibles. Heureusement, mon père était d’une énergie inflexible ; sans lui nous aurions sans doute été mal élevés. Maintenant qu’il n’est plus là, maman nous couve comme si nous étions petits. Ma sœur lui échappe un peu à cause de son mari et de ses enfants, mais moi qui n’ai pas de vie étrangère, elle me couvre de son amour comme d’une cloche.

Je ne m’en plains pas. Comme elle me console, maman ! comme elle m’apaise ! Comme mes colères tombent, comme mes fièvres baissent lorsque j’arrive chez elle ! Comme elles se sauvent, les vilaines pensées, lorsque maman lâche son tricot et relève ses lunettes pour dire :

— Et toi, Maximin, penses-tu te marier ? As-tu une petite bonne amie ?

Maman croit ferme que je n’ai qu’à me présenter chez la demoiselle la plus jolie et la plus huppée pour être aimé comme cela, gentiment, tout de suite.

Si elle savait quelle bécasse j’ai chassée avant les vacances ! Je n’oserais jamais le lui avouer. C’est pourquoi je n’ai pas emporté mon journal aux Écotières. Ma mère, qui veut savoir toutes mes affaires, l’aurait peut-être trouvé et si elle l’avait trouvé elle l’aurait lu ; ou bien il aurait fallu lui donner des explications obscures et subtiles qu’elle aurait mal comprises et qui l’auraient froissée.