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et je veux rompre des branches de chêne pour en tresser les rameaux… Laissez-moi faire…

— Au moins, voulez-vous des outils ?

— Merci, j’ai mon canif.

J’appelle canif un couteau de paysan, un solide couteau à deux lames avec une scie, une serpette et un poinçon. Je le tiens à pleine main ne laissant paraître que la petite lame.

Je fais le malin. J’accroche une branche, puis je recule à dix pas, penchant la tête, clignant de l’œil, parlant bas, pour moi seul, car j’ai des conceptions qui ne sont pas accessibles au vulgaire.

Mlle Rose ne place pas une fleur que je ne la dérange. Elle rit, mais cela l’agace tout de même. Elle remet ses mains boudeuses dans les poches de son tablier.

Enfin, la voilà partie ; elle va aider la Directrice à installer dans la classe les pelotes, layettes, chemisettes, toutes les petites curiosités fabriquées par la maison.

Je me frotte à Mme Valine.

— Madame, allons au bois : les lauriers sont encore à couper ; allons voir les feuilles à l’envers. Elle ne répond pas et m’évente de son peignoir.

— Êtes-vous gelée ? À quoi pensez-vous ?

— Je pense qu’il est dix heures et que j’ai juste le temps de m’habiller. Si vous voulez du laurier, je vais vous conduire au jardin… Hé ! bas les pattes ! on peut nous voir ici !