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mois de juin. Moi-même, j’avais été pressenti. Inhabile à distinguer la musique de la garde républicaine d’un orchestre de chevaux de bois, je m’étais récusé ; mais j’avais, par plaisanterie, écrit à Mme le Directrice que ma connaissance approfondie du théâtre antique me permettait de consacrer des soins efficaces au décor. C’est alors qu’on me répondit :

— Venez, nous utilisons tous les talents.

Je tombe donc là-bas ce matin, d’assez bonne heure. Ces dames très affairées, mal peignées, hâtivement vêtues, veillent aux derniers préparatifs. Une chaude poignée de main et nous voilà fixés, Mme Valine et moi, sur nos sentiments communs.

— Si l’occasion se présente ! dit notre poignée de main.

En attendant, au travail I Je me donne la tâche d’orner le préau. Déjà il s’enguirlande de lierre, mais je pousse des cris :

— Du lierre ! encore du lierre ! toujours du lierre ! mais c’est du laurier qu’il nous faut ! Où sont les lauriers ?

Mme la Directrice me fait observer qu’elle n’en a qu’un pied dans son jardin et il lui sert pour sa cuisine. Comme il est d’ailleurs très vigoureux, elle ne s’oppose pas à ce que je l’émonde quelque peu.

— Je l’émonderai, madame ; et je placerai ici de fines fougères et des palmes de marronniers ;