Page:Pérochon-Le Chemin de plaine.djvu/75

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vous êtes un effronté gamin ; je ne vous parlerai plus.

Et, en effet, elle se mit à dire assez bas pour que je pusse croire qu’elle parlait pour elle seule :

— À vingt-neuf ans, jamais on ne m’avait tenu pareils propos.

— À vingt-cinq ans, ripostai-je, je ne m’étais jamais frotté à une vertu aussi râpeuse. Il faut me pardonner, madame ; je manque d’expérience.

Vingt-neuf ; vingt-cinq. Elle recule et je m’avance. Nous finirons par être à bonne portée.

Cependant, avec cette allure gauche, spéciale aux gens n’ayant pas l’habitude de se promener ensemble, nous arrivâmes près de la maison d’école.

Alors Mitron qui allait en avant s’arrêta, le bras tendu vers ma cabane.

— Observez, mesdames, fit-il, les effets de la philosophie à dose massive : vous voyez là-bas la demeure d’un fâcheux ; seul, il boude au milieu de l’allégresse générale ; sa fenêtre n’a pas un lampion.

— Pas un lampion ! répétèrent sévèrement ces dames.

Mme Valine elle-même fit :

— Oh !

Je daignai me défendre.

— Seul, dis-je lentement, seul au milieu de l’ivresse médiocre et générale, je sais le secret des grandes orgies. En vérité, vous êtes insuffisants ; votre folie est modeste ; votre joie fume et