Page:Pérochon-Le Chemin de plaine.djvu/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de mon déjeuner j’allais leur en bailler, à MM. les Pédants, de jolis coups d’étrivières sur les oreilles ! Mais je fus interrompu par une visite inattendue.

Au surplus je puis bien prendre le temps de noter par le menu les incidents de cette journée.

Il était donc environ dix heures lorsque j’entendis sur la route des pas assez nombreux. Ces pas se rapprochèrent de ma porte et je distinguai, parmi des piaulements féminins, le grasseyement de cet ami Mitron.

D’un coup d’œil, je jugeai la gravité de la situation. Mon ménage n’était pas fait I J’étais en bras de chemise dans ce que j’appelle ma chambre à coucher ; la couverture de ce que j’appelle mon lit était mal tirée, raboteuse ; sur ma table, cinquante et par terre cent choses !

Le temps pressait extrêmement : pas moyen de tirer de plans compliqués. Une idée cependant me vint et je l’exécutai avec une rapidité dont je n’hésite pas, maintenant, à me féliciter.

Je mis d’abord mon chapeau, plusieurs livres et le balai en barricade derrière ma porte. D’un tour de main je brassai les brochures, assiettes, fruits, boîtes qui se trouvaient sur ma table ; j’en fis un monticule irrégulier. Puis, attrapant mon cube de philosophie je glissai entre ses feuillets non pas un anchois séché comme faisait Maggliabechi, mais bien un squelette de sardine — que je n’eus d’ailleurs qu’à me baisser pour trouver.