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l’instituteur né. Il se passionne pour son travail. Tout à l’heure encore, comme je causais avec lui, il s’est échauffé sur un point de pédagogie.

Je ne lui ai pas tenu tête ; je ne suis pas assez fou pour cela. Je ne suis pas assez fou pour attacher de l’importance à ce qu’on appelle pédagogie. Ce que je pense là-dessus n’a aucune valeur, même à mes propres yeux. Je sais très bien une chose, c’est que je ne sais rien et que les autres ne sont pas beaucoup plus malins.

J’ai sur ma table une revue dont le premier article commence par ces mots : « Un savant pédagogue ». Cela hurle ! La science de l’éducation n’existe pas encore. Ce qu’on nomme ainsi n’est qu’un prétentieux verbiage. C’est de la littérature et souvent de la mauvaise, de l’insupportable littérature.

Je hais les pédagogues. Je ne pardonne qu’à ceux qui sont aimables, à ceux qui ont l’habileté de paraître modestes. Vivent les gens, quoi qu’ils disent, qui disent bien ! Mais les autres, qu’ils soient brûlés en place de Grève !

Et flambez aussi, commentateurs ! flambez, tisserands de brouillard, laboureurs de sable, enfileurs de bulles de savon, effilocheurs de toiles d’araignées.

Quand je les entends bramer leurs théories, ils me font suer, tous ces sorciers du moyen âge. Vous me faites suer, messieurs ! quand donc oserai-je vous le crier à tue-tête !