sur la barre et je le balance tout doucement. Je le lâche, mais il crie :
— Assez ! Assez !
Sale gosse ! il va ameuter tout le monde. Peut-on, à cet âge, ne pas aimer se balancer !
Une idée : si je faisais, moi, un peu de gymnastique. La voltige au trapèze m’a valu des triomphes à l’École normale et au régiment. Pris jeune, j’aurais gagné ma vie dans un cirque.
Enlevons ce veston. Si l’on me voit, tant mieux : j’ai une belle chemise.
Hop ! un rétablissement, deux, trois… je tourne autour de la barre ; je suis dans les cordes, la tête en bas. Je ne pèse pas. Un serpent à sonnettes se casserait les dents sur mes biceps.
Mais attention ! on me regarde. Dans la maison, au premier, un rideau a remué, je crois.
Cessons les exercices de force. La voltige ! l’impressionnante voltige !
J’ai raccourci les cordes ; le trapèze est suspendu très haut ; je puis y aller de tout cœur.
La voltige n’est pas de la gymnastique. Tout à l’heure mes pieds me gênaient ; maintenant ils m’aident ; j’obéis simplement à la pesanteur.
Dédé, prudent, s’est éloigné ; il est pâle, il a peur de ce grand balancier.
Suspendu par les jarrets, j’attends, les mains dans les poches, le moment favorable à l’échappement. Vlaou ! je retombe sur la pointe des pieds.