1er juillet. — Il s’agit de jouer serré. Je me moque, en somme, de l’opinion de ces imbéciles, mais je ne veux pas perdre les dix francs par mois que je gagne chez les Bérion à décrasser Dédé. Il n’y a que l’orgueil de Mme Bérion qui me retienne là-bas. Mieux vaut encore un professeur déconsidéré que pas de professeur. On ne doit pas confondre Dédé avec le fils du charbonnier ou du scieur de long.
Cependant, s’il y a le moindre accroc, elle va me lâcher. Je n’ai plus de lustre personnel. Qui m’indiquera le moyen de briller, le bon petit moyen simple et peu coûteux ?
Je l’ai peut-être trouvé sans y penser ce matin. Avant d’aller donner ma leçon j’avais fait un brin de toilette. Je m’étais rasé de très près et j’avais mis un vieux pantalon de treillis qui tombe bien. Cependant je ne vis Mme Bérion qu’un instant. Je commençai comme à l’habitude ma leçon dans le petit cabinet qui donne sur le jardin. Puis, comme il faisait chaud, nous sortîmes, Dédé et moi. Le jardin, d’ailleurs, est fort beau. Il y a des fleurs, une pelouse, des arbres avec un trapèze, pour l’honneur. Naguère, Mme Bérion me faisait admirer tout cela ; aujourd’hui c’est moi qui le fais admirer à Dédé.
Nous regardons une fleur : nous la disséquons comme des savants. Puis nous regardons le trapèze. Dédé n’aime pas beaucoup le trapèze. Je l’assieds