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Il y a aussi Mme  Michaud. Je ne l’ai guère revue depuis ma visite de digestion. Cette bonne couveuse est vexée de l’indépendance d’un poussin. Prenez patience, madame : si je trouve l’occasion de vous rendre un gros service, je me laisserai gâter ensuite. D’ailleurs, je vous salue, je crois, très bien.

Il y a moi-même ; il y a mon costume. Mon costume, certes, n’est pas élégant. Mais ce n’est pas ma faute. Bonnes gens de Lurgé qui voudriez que je vous fisse honneur, offrez-moi justaucorps de muscadin et souliers fins à la poulaine. Votre mécontentement est injuste et par trop visible. Vous répondez à mon salut, du bout des lèvres, sans jamais remuer la tête ; quelquefois même vous ne répondez point. Vous venez sans façons vous plaindre — non pas à moi, mais à mon Directeur. — lorsque j’ai trop ou trop peu puni vos enfants.

Marceline, petite épicière qui vous usez en trépidations de mousmé obséquieuse, vous-même Marceline, vous vous détendez en ma présence ! vous en prenez à votre aise avec moi ; vous me faites attendre et vous ne vous en excusez plus. Si vous pensez que je n’attache aucun prix à votre amabilité, vous avez à peu près raison, mais je veux passer à mon tour, je veux mon droit, Marceline ! Et prenez garde ! Si votre dédain se fait trop cruel je suis assez sauvage pour manger des raves crues en léchant un bloc de sel gemme que je ferai venir de Pologne.

Quant à vous, brave monsieur Bérion, roi des